« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Lc 18, 8
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Lc 18, 8

Jésus a peu enseigné sur la prière. Point de long discours de sa part. Seulement deux éléments essentiels quant à la nécessité de prier et quant au contenu de notre prière. Le premier enseignement est de persévérer dans la prière, toujours et partout. Le deuxième est de ne pas prier autrement que le Notre Père nous l’enseigne. Nous pouvons prier avec d’autres mots que le Notre Père, mais pas autrement. Une prière qui ne prend pas sa source dans le Notre Père n’est point chrétienne. Toute la vie de Jésus est une manifestation exemplaire de ce double enseignement. À lire intégralement les évangiles, particulièrement celui de Luc, on découvre Jésus qui ne cesse de prier tout au long des jours. Jamais Jésus n’entreprend une mission ou de faire du bien à une personne sans commencer par prier son Père. Dans son grand et dernier enseignement à ses disciples avant de mourir, Jésus manifeste à ses apôtres le contenu de sa prière. Ce sont les admirables chapitres de l’évangile selon saint Jean entre la résurrection de Lazare et la Passion, particulièrement le chapitre 17 dit de la prière sacerdotale. Le Notre Père est la prière de Jésus. La prière de Jésus avant sa passion est le déploiement de la prière chrétienne du Notre Père. Jésus ne prie pas autrement que selon le Notre Père.

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“Pour obéir à la parole…” 2 R 5, 14
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

“Pour obéir à la parole…” 2 R 5, 14

Qu’il est beau cet homme originaire de Syrie, vaillant et très considéré à la cour du roi d’Aram. Général d’armée, habituellement il commande et les soldats obéissent. Dramatiquement sa situation s’est complètement retournée contre lui. Il est atteint de la lèpre. Inguérissable à l’époque, la maladie signe une exclusion sociale totale. À la déchéance des relations se joint la déchéance physique. La lèpre va inexorablement ronger le corps pour la mort. Le général ne commande plus rien. La maladie est maître. C’est elle qui commande jusqu’à terme.

Une petite servante, une de celle qui obéit par condition sociale, une jeune israélite prise en esclavage par l’ennemi et récupérée par le général lors de ses conquêtes, va conduire le grand homme à un acte d’obéissance splendide : aller humblement consulter le prophète Élisée, du pays de Samarie, pays des étrangers à son peuple.

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« Dieu a tellement aimé le monde… » Jn 3, 16
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Dieu a tellement aimé le monde… » Jn 3, 16

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »[1] Qui dira ce mystère ? Qui peut parler avec justesse de ce qui dépasse l’entendement ? La reine Hélène, la mère de l’empereur Constantin, nous conduit aujourd’hui en pèlerinage à Jérusalem et nous invite à l’adoration, au silence amoureux plein de reconnaissance devant l’abaissement du Fils de Dieu, Jésus mort en croix, ressuscité en Gloire.

Jamais aucune religion n’a pu imaginer que le Dieu suprême, le Créateur de l’Univers, puisse aller jusqu’à se donner Lui-même, en tout lui-même. Que Dieu protège les hommes, ses créatures, que Dieu obtienne toutes sortes de biens pour le salut des hommes, que Dieu dirige le monde et les guerres des hommes pour les mener à la victoire, tout cela est facilement concevable. Toutes les religions en parlent. Mais que Dieu devienne un homme pour se livrer, homme parmi les hommes, et faire que l’homme devienne semblable à Dieu, par communion des deux natures humaine et divine, cela dépasse l’imagination. Les meilleurs théologiens restent là, « bouche bée comme des carpes. » [2]

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« Celui qui ne porte pas sa croix ... » Lc 14, 27
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Celui qui ne porte pas sa croix ... » Lc 14, 27

Ou bien… ou bien… Le Christ ne nous laisse aucune alternative. Le compromis n’est pas possible. Ou bien j’accepte de porter ma croix à la suite de Jésus et je suis son disciple, ou bien je refuse et je m’exclus de la communauté de Jésus. Ou bien je renonce à tout, ou bien je n’ai pas de part au salut… Le compromis n’est pas un mot de l’Évangile.

Les déclarations de loyauté les plus sincères ne servent à rien. La pratique religieuse la plus régulière ne fait pas le poids. Dis-moi comment tu vis les épreuves de ta vie et je te dirai si vraiment tu es, oui ou non, un disciple du Christ. La plupart du temps nous nous plaignons de nos souffrances. Nous ne faisons que subir nos épreuves. « Je n’ai pas le choix » disons nous … Subir ce n’est pas être libre. Subir ressort du fatalisme et de l’esclavage.

Nous cherchons tous à réussir dans la vie. C’est normal et sain. Mais cherchons nous à réussir notre vie ? Or cela se vérifie lorsque l’on est contraint d’affronter les difficultés, les épreuves et la souffrance sous toutes ses formes. La pierre d’achoppement de nos vies est là. Jésus est radical : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. »

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« Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité… » Si 3, 17
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité… » Si 3, 17

« Mon fils, accomplis toute chose dans l'humilité, et tu seras aimé plus qu'un bienfaiteur. » Voilà une maxime de sagesse, source de paix et de justice. D'où viennent en effet la plupart des conflits entre nous sinon de l'affrontement de nos egos. Forts des biens en notre possession nous n'avons de cesse d'en remontrer aux autres pour exister. Combien de fois dans nos conversations nous disons des « moi je... » ? Combien de temps partageons-nous notre vie sinon pour nous raconter en nous faisant valoir ? Notre souci premier est-il de mettre d'abord nos proches en valeur ? Notre préoccupation première est-elle de découvrir ce que l'autre a de beau et de bon pour l'en féliciter et lui donner d'augmenter sa mesure ? Nos amitiés les plus réelles, nos conversations les plus fraternelles, nos services rendus les plus ardents peuvent souvent cacher subtilement l'intérêt d'en tirer profit et d'avoir un retour. La gratuité du don nous échappe trop souvent. Donner d'une main pour recevoir d'une autre est plutôt notre quotidien. L'Évangile nous avertit de donner à qui ne peut nous rendre, de nous livrer à celui qui ne pourra jamais payer de retour.

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« Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix… » He 12, 2
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix… » He 12, 2

Le propre du feu est d’abord de faire sortir du bois toutes les impuretés, particulièrement l’eau dont il est chargé. Nous aimons le feu, la lumière et la chaleur qu’il produit mais que d’efforts il a fallu pour fabriquer le bois et le bûcher. 

« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » [1] Le baptême de Jésus sera un baptême par le feu d’une cruelle passion. Nous rêvons notre vie comme celle d’un Thabor sans fin dans la lumière de la Transfiguration, quand Jésus nous parle du chemin de croix qui y mène. À ses disciples qui rêvent d’avoir les premières places au Royaume des cieux Jésus présente la coupe à laquelle il va boire, la coupe de l’amertume d’une passion dévastatrice. Quand Jésus vient à parler ouvertement de sa passion, Pierre lui fait de vifs reproches prétextant que cela ne lui arrivera jamais. Il se fait traiter de Satan par Jésus. À ses contemporains qui rêvent d’être libérés de leurs ennemis babyloniens assiégeant la ville sainte de Jérusalem, le prophète Jérémie prêche de se rendre à l’ennemi et d’accepter de partir en exil, sans quoi de plus grand malheur adviendront. Nous rêvons de paix et de justice. Nous voulons l’harmonie et la concorde entre nous. Or bien souvent nous n’avons que disputes et discordes. Après 1945 nous avons pensé la fin de l’histoire et des guerres, ignorant la guerre froide qui se déroulait à l’insu du commun des citoyens, armant les deux partis d’un arsenal nucléaire capable de détruire plusieurs fois la planète. Le réveil aujourd’hui est brutal...

Nous passons notre temps à faire du déni du réel afin d’assouvir notre besoin naturel de sécurité et de jouissance dans la cercle restreint de nos intérêts particuliers. Nous abandonnons à nos politiques de trouver l’équilibre sans lequel les intérêts particuliers aboutiraient à des conflits ouverts.

Nous oublions que le Royaume de Jésus n’est pas de ce monde.

[1] Lc 12, 49

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Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme … » Ap 11, 19
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme … » Ap 11, 19

 L’assomption de la Bienheureuse Vierge Marie en son corps et en son âme, en quoi nous concerne-t-elle vraiment ? Ne serait-ce pas qu’une pieuse réalité cotonneuse de nos tableaux baroques ? Magnificence qui ne nous touche pas vraiment ou du moins seulement parce que son Fils Jésus est notre Sauveur. Imaginons un seul instant qu’une famille du village retrouve vide la tombe de la maman décédée récemment. Enquête policière, larmes et pleurs, grands titre dans les journaux pour parler de profanation. Chiens limiers et détectives pour retrouver le corps. Car le corps est signe d’une parole. Le corps de la défunte même réduit à l’état de cadavre ou de cendre est l’expression d’une parole. Non d’une parole individuelle qui ne concernerait que son mari, mais les enfants nés de cette parole d’amour la famille, et les amis du village… L’insupportable dans la mort de nos proches n’est point tant l’absence physique que l’absence de parole. Le matin je me lève. Elle n’est plus là pour me dire « Je t’aime » et m’en donner les signes corporels. 

Ce matin-là à Jérusalem, dans la vallée de Josaphat, la vallée du jugement, des proches vont au tombeau de la Mère du Seigneur. On l’a enterrée trois jours plus tôt. Stupeur ! Le tombeau est vide. La nouvelle se répand dans toute la ville et dans le pays. La tradition ne nous relève même pas les signes de ce tombeau vide comme pour Jésus : le tombeau trouvé vide avec les linges posés à leur place, signe que nul n’a volé le corps. La tradition orientale, pudique en sa foi, proclame quelques siècles plus tard la dormition de Marie. Ce n’est pas conclusion d’enquête, mais conclusion du cœur, car ce n’est qu’avec lui, le cœur, que l’on voit juste, disait saint Exupéry.

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« Apprends-nous la vraie mesure de nos jours … » Ps 89, 12
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Apprends-nous la vraie mesure de nos jours … » Ps 89, 12

Qui aujourd’hui vit comme si ce jour devait être le dernier jour de sa vie ? Et pourtant ? Nous savons bien que nous sommes mortels, mais c’est toujours pour le plus tard possible. Et quand cela arrive, même à un âge avancé, c’est toujours trop tôt. Ils sont rares ceux parmi nous qui vivent en pensant réellement que demain, voire aujourd’hui, ce pourrait être le dernier jour. Et pourtant, tant de vies qui, autour de nous, sont atteints par de terribles limites de santé, des handicaps si lourds, des maladies si longues et si invalidantes. Les progrès de la médecine nous promettent paradoxalement une vie toujours plus longue autant que de moins souffrir, tout en pouvant décider de la fin de notre vie. Alors tant que nous ne sommes pas atteints d’un mal quelconque, tout nous pousse à espérer farouchement une longue vie avec le moins de souffrances possibles. Le tout reçu comme un droit sur lequel personne ne doit venir empiéter, pas même Dieu qui risque d’être le grand accusé au cas où une tuile invalidante nous tomberait sur la tête. Si le Bon Dieu était vraiment bon, cela ne serait pas arrivé ! … Que la vie soit défendue bec et ongle est une idée juste mais aujourd’hui dévoyée. Car qu’est-ce que la vie humaine ?

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“Demandez et l’on vous donnera.” Lc 11, 9
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

“Demandez et l’on vous donnera.” Lc 11, 9

Les villes de Sodome et Gomorrhe sont passées à la postérité. Par Georges Brassens, en sa chanson « Les copains d’abord » ou par nombres d’écrivains ces villes sont à jamais stigmatisées comme dépravées et disparues de la surface de la terre. Mais qui se souvient de la prière d’Abraham pour ces deux pauvres villes du Moyen-Orient ? Qui a la mémoire de ce « petit marchandage spirituel » de notre Père dans la foi ? Abraham rappelle à Dieu non seulement que sur cette terre de débauche il y a encore des justes. Il touche aussi son cœur de père qui doit et ne peut qu’avoir pitié de tous.

Dieu de tendresse et de miséricorde, lent à la colère et source de vie, c’est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob que nous confessons depuis des millénaires. Par toute sa vie et tout son enseignement Jésus Messie est venu faire « exploser » ce visage de tendresse de Dieu. « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » [1] « Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs. » [2] Qui de nous ne s’est pas senti un jour un repéché de la miséricorde divine, un sauvé des eaux de l’égoïsme et de l’orgueil ? La paternité de Dieu n’a de puissance qu’en amour. L’enfer c’est l’homme qui le crée et qui s’y précipite. Non point le Seigneur qui veut sauver tous les hommes. Mais nul ne peut forcer l’amour…

[1] Jn 10, 10

[2] Mc 2, 17

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« … que là où je suis, eux aussi soient avec moi. » Jn 17, 24
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« … que là où je suis, eux aussi soient avec moi. » Jn 17, 24

 Les paroles que nous venons d’entendre sont les dernières paroles de Jésus avant sa mort en croix. Ultimes paroles qui résument tout son enseignement, tel le point d’orgue de la grande symphonie musicale de son incarnation. Paroles testament d’un mourant, plus vivant que bien des morts vivants que nous sommes trop souvent. Ma vie, dit Jésus, « personne ne me l’enlève ; mais je la dépose de moi-même. J’ai le pouvoir de la déposer et j’ai pouvoir de la reprendre… » [1] En ces paroles toutes contenues dans le chapitre dix-sept de saint Jean, traditionnellement appelé la prière sacerdotale, Jésus nous livre son âme, son cœur profond. Chacune de ces paroles est comme la facette unique d’un diamant multiforme. En chaque facette du diamant nous contemplons qui est Dieu pour nous en Jésus, qui nous sommes pour Dieu.

Qui sommes-nous donc pour Dieu ? Nous sommes nés de Dieu dans le sein de notre mère, car c’est Lui seul, Dieu, qui nous a donné notre âme, ce qui fait de nous un être unique. 

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« … jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. » Lc 24, 49
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« … jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. » Lc 24, 49

 Quarante jours se sont écoulés depuis la première apparition de Jésus ressuscité. Quarante jours où les apôtres ne cessèrent pas de faire des allers et retours dans leur tête comme sur le terrain. D’ici de là, entre tout ce dont ils avaient été témoins de la vie et de l’enseignement de Jésus et l’échec de la Passion, entre la contradiction des merveilles de son ministère et la terrible crucifixion, entre la tombe scellée et le tombeau vide, et désormais voici les apparitions en tout lieu hors de toutes les règles de vie de l’homme ordinaire. Jésus était bien le même mais tout autre. Il était bien le Jésus de Nazareth, fils de Joseph, avec lequel ils avaient mangé, bu, marché et peiné, sans oublier les fêtes et les repos. Ce même Jésus pouvait manger avec eux, mais n’en n’avait nul besoin. Il était toujours là mais pas toujours visible. Il était visible mais toujours d’une manière surprenante. Ses plaies demeuraient bien réelles mais laissaient désormais passer la lumière et non plus le sang versé jusqu’à la dernière goutte.

Quarante jours sont passés. Ce n’était pas de trop pour un peu réaliser l’inouï de Dieu, l’inconcevable, l’impensable dont les évangélistes ne craignent pas de nous dire qu’ils n’avaient pas compris.

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« Si quelqu’un m’aime… » Jn 14, 23
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Si quelqu’un m’aime… » Jn 14, 23

Notre vie chrétienne, comme notre vie sociale, est pleine de coutumes, d’habitudes, de rites et de traditions. Sans cela nous ne pourrions pas vivre. Il suffit qu’une époque laisse tomber des coutumes pour qu’on en invente d’autres. Coutumes et habitudes deviennent traditions. En leur nom rien ne doit changer. Naturellement, puisqu’elles disent le sens de la vie de la communauté. Toucher aux traditions d’une religion c’est toucher à ce qui relient les personnes à leur dieu, à leur semblable et à leur monde de vie. Les petits enfants sont redoutables. Avec leur regard neuf ils ennuient les adultes pour leur demander sans cesse : mais pourquoi fait-on cela, ou comme cela ? Bien embarrassés ceux-ci répondent souvent : « on a toujours fait comme cela ». Oui, mais pourquoi ? Et surtout en vue de quoi ? L’enfant attend une réponse. Sans quoi il ira en chercher une ailleurs.

Nos premiers frères chrétiens venaient tous du judaïsme. La tradition rituelle de la circoncision était un marqueur identitaire. La vie vient de Dieu et appartient à Dieu. C’est Dieu qui donne la vie et nous soutient dans la vie pour nous conduire à la vie en plénitude. La marque charnelle de la circoncision dit la foi de l’israélite à l’intime de son corps, car en judaïsme on ne sépare jamais l’âme et le corps, l’éros de l’agapè.

Alors fallait-il imposer aux chrétiens venus du monde grec la fameuse circoncision. Le premier concile de Jérusalem va répondre non. Car une tradition n’est pas la Tradition. Une tradition si belle et bonne soit-elle, riche d’un sens plein de vitalité, ne doit pas se confondre avec la foi en sa grande Tradition avec un grand T. Tout le monde sait en Israël que le commandement suprême est d’aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme soi-même. Tout le monde sait en Israël que le chemin pour y parvenir est de lire abondamment la Torah, les Écritures divines transmises par les patriarches et les prophètes. Lire la Torah est un devoir sacré car elle seule structure le cœur et la pensée du croyant dans le souffle de Dieu offrant à tout un chacun de vivre et de donner la vie dans la vérité et la charité.

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« Comme je vous ai aimés. » Jn 13, 34
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Comme je vous ai aimés. » Jn 13, 34

Quel homme sur terre, ses dernières heures venues, se réjouit de son sort, remercie et rends grâce de ce qui lui arrive comme de ce qui va lui arriver ? À l’heure de son ennemi la mort, pleurs et lamentations, regrets et ténacité à vivre sur terre sont plutôt de mises pour le futur défunt. Le mourant a davantage la tête sur ce qui sera bientôt son passé » terrestre que sur son proche avenir céleste. Si d’aventure le mourant espère la mort, ce peut être aussi pour cesser de souffrir, mais est-ce pour entrer dans l’éternité ? Seule la foi lève le voile et ouvre un avenir.

Jésus est trahi. Judas, son apôtre choisi amoureusement dans la prière comme tous les autres apôtres, son commensal, son intime et son ami, sort de table précipitamment et décidé. L’apôtre félon a perçu l’importance de cette heure pour le Messie et de ce qui se joue en cette Pâque unique pour le salut du monde. Il veut en tirer gloire, pour lui et pour toute la compagnie apostolique, mais à sa guise, selon ses vues religieuses. Judas part vendre le maître pour un peu d’argent, croyant bien faire. Judas veut forcer le maître à se manifester ouvertement devant le sanhédrin et les dirigeants religieux.

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« Car sa vie est retranchée de la terre… » Is 53, 8
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Car sa vie est retranchée de la terre… » Is 53, 8

Nous faisons mémoire en ce jour de nos ainés, morts pour la patrie, pour la justice et la liberté, ceux-là qui ont accepté volontairement que leur propre vie soit « retranchée de la terre. » L’Écriture nous parle d’un haut fonctionnaire de Candace, la reine d’Éthiopie, qui cherche quant à lui, de comprendre ce qui concerne ce mystérieux serviteur souffrant dont la vie fut retranchée de la terre, suivant les mots du prophète Isaïe.

De tout temps l’homme se fait la guerre. La guerre est depuis toujours le langage des hommes. Nos quatre-vingts ans de paix sur la presque totalité du territoire européen pourraient bien n’être qu’un leurre. Il y eut la guerre froide jusqu’en 1991 basée sur l’équilibre de la terreur. L’accumulation aujourd’hui d’un arsenal atomique capable de détruire plusieurs fois la planète n’a rien de rassurant. En 1917, face à l’écœurement de toutes les parties, suscité par l’affreuse boucherie des tranchées, la guerre a failli s’achever. Malheureusement le choix fut fait de la guerre à outrance jusqu’au boutisme. Par ondes successives, les séquelles profondes de ce traumatisme susciteront des réactions contradictoires au sein des peuples européens pour finir par une nouvelle déflagration encore plus meurtrière. Ce fut la guerre de 39-45.

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« Avez-vous du poisson à manger ? » Jn 21, 5
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Avez-vous du poisson à manger ? » Jn 21, 5

Comme il en fallut du temps à l’apôtre Pierre pour enfin déclarer sa véritable et profonde amitié à Jésus. Son reniement pèse lourd à son cœur. Comme aux autres apôtres. Le Maître est enterré après une crucifixion horrible, signe de malédiction. Les disciples l’ont bien vu ressuscité à plusieurs reprises. Mais ils ne croient toujours pas au point de pouvoir reprendre la mission de l’Évangile. Tous ils sont revenus à leur métier de pécheur du lac de Tibériade. Certes ils ne sont plus les mêmes, travaillés au cœur par toutes les merveilles vues et entendues. Mais la terrible réalité s’impose à eux. La foi et l’amour de leur cœur pour Jésus ne brûle donc pas au point de dépasser la pratique commune et d’abandonner le minimum de sécurité qui s’impose pour vivre. Ils retournent à la pêche pour assurer leur subsistance, eux pourtant à qui jamais rien n’a manqué quand ils étaient avec Jésus. Mais voilà ! Jésus n’est plus là, du moins plus de la même manière. Quelles assurances peuvent-il avoir. Comment voir l’endroit de l’envers ? Comment prêcher un Messie crucifié, honni des grands prêtres, vénéré par le peuple, mais enterré aux enfers pour motif de blasphème et de sédition politique ? Manger est redevenu leur principale préoccupation. Telles sont nos sociétés modernes et leurs préoccupations quotidiennes. L’homme moderne est réduit à l’homo economicus, dénué de vie spirituelle et émotive, appauvri au rang des indices de la bourse mondiale et des cours du marché, dans l’espoir que le CAC 40 ne s’effondre pas et que la dette pharamineuse ne suscite pas une guerre mondiale. Nous courons toujours après notre bien-être matériel, laissant Jésus sur la rivage, lui qui pourtant ne cesse de nous appeler.

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« Je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. » Ap 1, 18
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. » Ap 1, 18

La mort effraie. La terrible réalité d’un être proche sur son lit de mort, la perspective de notre fin définitive, plus encore peut-être le fait de la déchéance progressive, tout cela nous trouble, nous angoisse et nous fait peur. La mort est le signe indubitable que la vie nous échappe. Si bien que lorsque nous formulons nos vœux de bonne année, nous insistons : « et la santé surtout » … Une seule personne cette année m’a souhaité : « et la sainteté surtout… » C’est dire que nous sommes accrochés à notre santé comme au radeau de la méduse. Cela se comprend. Il convient cependant de réfléchir à la vie et à la mort. La conscience de notre fragilité devrait nous faire vivre à hauteur de notre destinée qui doit passer par la mort sans aucune fuite du réel. « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » Cette parole liturgique du mercredi des cendres prend paradoxalement à Pâques toute sa saveur face au mystère de la résurrection, particulièrement en ce dimanche de la miséricorde.

L’apôtre saint Jean est sur son île de Patmos en Grèce, quand le Christ ressuscité lui apparaît. Jean touche la Vie véritable. Il craint de mourir. La vie et la mort sont proches. Mais de quelle mort parle-t-on ici ? Non point de la mort déchéance du tombeau que nous craignons tant. Non point de la mort séparation d’avec Dieu ou d’avec les autres en raison de nos guerres et de nos péchés. Non point de la mort qui conduit en enfer dans une séparation définitive qui est torture de l’âme parce qu’on s’est rendu incapable d’aimer en communion. « Ne crains pas, je suis le Premier et le dernier, le Vivant ; je fus mort et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant la clef de la Mort et de l’Hadès. » [1] Il y a une mort qui conduit en enfer, dans l’Hadès ou le séjour éternel des morts. Il y a la Mort qui conduit à Dieu, c’est la mort passage, la mort qui est Pâque de résurrection.

[1] Ap 1, 18

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« .. il n’était pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir. » Ac 2, 14
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« .. il n’était pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir. » Ac 2, 14

« Jésus le Nazoréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous, ainsi que vous le savez vous-mêmes, cet homme, qui avait été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies, mais Dieu l’a ressuscité le délivrant des affres de l’Hadès. Aussi bien n’était-il pas possible qu’il fut retenu en son pouvoir… Dieu l’a ressuscité ce Jésus, nous en sommes tous témoins » [1]

Quarante jours sont passés depuis les événements. Pierre et les onze apôtres ont rencontrés Jésus le ressuscité de nombreuses fois. Il s’agissait bien Jésus de Nazareth, leur maître avec lequel ils avaient vécu et peiné depuis les bords du Jourdain, qu’ils avaient vu crucifié et mort. Ils ont été pardonnés de leurs lâchetés et de leurs reniements. Ils ont reçu l’Esprit de Pentecôte, cet Esprit divin qui habitait Jésus durant tout son ministère en Galilée et en Judée. Ces hommes ne sont plus les mêmes. Ils sont passés par la mort avec le Christ. Ils sont ressuscités avec Lui. Morts à leurs fausses questions, morts à leurs incompréhensions face à la faiblesse et à l’humilité du maître se laissant conduire à la croix, morts à leurs prétentions de carrière ecclésiastique, morts à tous leurs péchés. Ils sont bien toujours les mêmes, avec leur tempérament et leur personnalité propre, mais désormais tout au service du maître.

[1] Ac 2, 22-24

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« …et nous ne savons pas où on l’a déposé » Jn 20, 2
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« …et nous ne savons pas où on l’a déposé » Jn 20, 2

Au pied la croix ils n’étaient plus que quatre, trois femmes et un apôtre.

Judas a posé son geste tragique de désespoir. Sans doute l’Iscariote voulait-il forcer Jésus à une manifestation éclatante, preuve de messianité. Il n’a pas compris qu’il n’y aurait pas d’autres signes que celui de Jonas au ventre de la baleine, trois jours et trois nuits. On ne rassemble pas le peuple de Dieu dispersé à coup de preuves ou de manifestations éclatantes. Celui qui ne veut pas croire ne croira jamais. La vérité ne s’impose pas elle se propose. L’amour ne s’achète pas il s’invite en confiance comme à une danse. Judas n’a pas compris que le Royaume de Dieu n’est pas de ce monde, Jésus ayant refusé toute messianité politique.

Pierre et les neuf autres apôtres sont enfermés dans la peur, cachés au cénacle ou retournés à la pêche. Ils n’ont pas compris l’enseignement du Maître annonçant sa passion et sa résurrection. « Cela ne t’arrivera pas » avait déclaré Pierre. [1]  Consternés, meurtris, en larmes, les apôtres s’affligent de leur lâcheté, de leur reniement, malgré trois années sacrifiées pour le maître, au détriment de leur confort et de leur vie familiale, de leurs projets humains autant que de leurs amitiés. « Nous qui avons tout quitté » disait Pierre un jour à Jésus « quelle récompenses ? » [2] Le prix à payer de la suite de Jésus fut rude. La chute au soir du vendredi saint encore plus. Ils ont foi en Jésus et leur foi les a conduits au néant d’une crucifixion clôturant tout espoir d’en sortir. N’y a-t-il rien de pire que de vivre sans espérance ? Le découragement n’est-il pas l’arme préféré du démon ?

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« Le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous… » Is 53, 6
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous… » Is 53, 6

 « Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : PAR SES BLESSURES, NOUS SOMMES GUÉRIS. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. (…) Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs. » [1]

Le prophète Isaïe, dans son quatrième chant du serviteur, insiste pas moins de six fois en quelques versets pour dire la terrible vérité que saint Paul résume en disant : « Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu. » [2]

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« Quel est en effet le plus grand ? ... » Lc 22, 27
Jean-Dominique DUBOIS Jean-Dominique DUBOIS

« Quel est en effet le plus grand ? ... » Lc 22, 27

 Ce que nous venons d’écouter et de contempler dépasse l’entendement. La passion de Jésus de Nazareth est un scandale au sens propre du mot, une pierre d’achoppement. « Lui qui était de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, il s’est vidé de sa divinité jusqu’à prendre la position de l’esclave. » [1] Cet hymne des premiers temps de l’Église, repris par saint Paul dans sa lettre aux Philippiens, nous crie le scandale qu’est Jésus crucifié, mystère au cœur de notre foi chrétienne. La terre d’Alsace est riche de beauté. Cette terre si belle et si riche est couverte de calvaires, partout, à la croisée des routes, à la porte des maisons petites ou grandes, au cœur de chaque village. Ne sommes-nous pas trop habitués ? Remarquons nous encore ce symbole fort et puissant où le plus grand parmi nous s’est fait le plus petit. Il a été compté au rang des malfaiteurs, subissant le pire des supplices, la crucifixion. Torture d’un très grand sadisme monté pour effrayer les populations occupées. Or voici qu’en regardant Jésus crucifié, si bas qu’un homme puisse tomber, cet homme trouvera quelqu’un qui est tombé encore plus bas que lui : Jésus de Nazareth. Cette réflexion de l’abbé Huvelin, le confesseur de Charles de Foucauld, a transformé l’officier français imbu de lui-même en ce doux adorateur de Jésus hostie, apôtre des Touaregs en Algérie.

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