
Marie dit : « Plus je lisais les psaumes de David, plus je ressentais le besoin d’écrire les miens. Quoique ce soit, s’il te plait, garde à l’esprit que ce n’est pas terminé. » Matthieu répond : « Tu laisses rarement les gens entrer dans tes pensées. Les seules fois où tu l’as fait, je t’en ai été reconnaissant. »
« La ténèbre, ce n’est pas l’absence de lumière. Ce serait bien trop simple. C’est plus incontrôlable et funeste. Ce n’est pas un lieu mais un vide. J’y étais une fois, plus d’une fois. Et bien que je ne puisse ni te voir ni t’entendre, tu étais là, en train d'attendre parce que pour toi la ténèbre n'est pas ténèbre, du moins, pas tout le temps.
Tu as pleuré, non pas parce que ton ami était mort, mais parce que tu le serais bientôt, parce qu'on ne pouvait pas le comprendre, ou parce qu'on ne le voulait pas, ou les deux.
Les ténèbres qui s’annonçaient étaient trop profondes pour que nous puissions comprendre. Mais la lumière l'était tout autant. Il fallait que l'un précède l'autre. Cela a toujours été comme cela avec toi. Et c'est toujours le cas.
Les larmes sont tombées de tes yeux, puis des nôtres, avant que toutes les lumières du monde ne s’éteignent. Et le temps lui-même a voulu mourir avec toi.
Il m'arrive de retourner à cet endroit, ou plutôt, il me revient sans que j'y sois invité. La nuit éternelle, jusqu'à ce qu'elle ne le soit plus, amère puis douce. Et d'une manière ou d'une autre l'amertume se mêle souvent à la douleur. Tu nous as dit que ce serait comme ça, pas par tes mots, non, mais par la façon dont tu as vécu.
Homme de douleur, habitué à la souffrance. Cette souffrance ce n'était pas ce que l'on voulait voir. Alors on a voulu détourner le regard, et ce faisant nous avons réalisé ce que tu étais vraiment. Tu étais pareil à celui devant qui on se voile la face. Mais très vite on n’a plus été en mesure de nous en cacher comme on ne peut empêcher le soleil de se coucher ou de se lever.
Je me souviens que tu souhaitais qu'il y ait un autre chemin, et avec le recul, moi aussi. Je ne sais toujours pas pourquoi il doit en être ainsi. L'amertume se mêle souvent à la douceur. Je ne le saurai peut-être jamais du moins pas de ce côté-ci. »
Marie Madeleine dans THE CHOSEN épisode 8 saison 4